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L'autre Europe
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16 juillet 2007

Politique énergétique: la Russie fait encore peur

Au grand damne des Européens et des Américains, le gouvernement hongrois pourrait choisir le projet russe d’approvisionnement en gaz naturel, aux dépens des efforts de l’Union Européenne pour réduire sa dépendance à l’énergie russe. En Hongrie, la question divise.

Pour développer ses approvisionnements, la Hongrie est confrontée à un dilemne : miser sur le projet européen Nabucco, dont elle est partenaire, ou opter pour le projet Blue Stream du géant mondial russe Gazprom. Les deux doivent acheminer le gaz naturel en Europe depuis l’Asie centrale via la Turquie, la Bulgarie et la Roumanie, mais Blue Stream acheminerait du gaz russe tandis que Nabucco, dont l’objectif est de diversifier les sources d’approvisionnement pour réduire la dépendance européenne à la Russie, mise sur les réserves iraniennes. C’est pour la Hongrie une question cruciale car elle est le deuxième consommateur de gaz en Europe et 80 % de ses besoins sont fournis par Gazprom. Le pays assure en même temps le transit sur son territoire du gaz destiné à l'Autriche, à la Serbie et au Monténégro et a l’ambition de devenir un nœud sratégique pour la politique énergétique européenne, un centre de stockage et de distribution.

L’ombre du passé

Plus qu’une simple question énergétique, il s’agit pour la Hongrie d’une question très sensible car les troupes soviétiques, dont une partie de la population considèrent qu’elles ont été des troupes d’occupation, n’ont quitté le pays qu’en 1989. Le gouvernement socialiste insiste sur le fait qu’aucune option ne doit être écartée. La position de son premier ministre Ferenc Gyurcsany est que, à conditions égales, le projet européen est préférable car "la dépendance à la Russie n’est pas plaisante" mais il a qualifié le projet russe de "pari plus sûr", regrettant l’incertitude du projet Nabucco. A l’issue de sa rencontre avec Vladimir Poutine à Moscou le 22 mars dernier, il a résumé sa doctrine ainsi : "Moins de passé, plus de présent et d’avenir. Moins de politique et plus de business". L’opposition, quant à elle, exhorte Gyursany à garder ses distances avec l’ancien "grand frère”, son leader Viktor Orban accusant le gouvernement de ne rien faire pour contrer l’influence grandissante de la Russie. Lors d’une visite de Vladimir Poutine à Budapest le 28 février 2006, cinquante ans après l’écrasement du soulèvement de Budapest par les troupes soviétiques, des gestes de réconciliation historique ont été faits entre la Russie et la Hongrie."C’est la fin du passé", avait déclaré M. Gyurcsany. Les échanges commerciaux entre la Russie et la Hongriese développent d’ailleurs de manière dynamique, ils ont augmenté de 30% en 2006. Si la balance commerciale est encore largement en faveur de la Russie, le déséquilibre tend à diminuer.

Contrôlée par des proches de Poutine, la société russe Gazprom, premier exploitant et premier exportateur de gaz au monde, s’avère être le bras armé de la politique étrangère russe, un outil au service de ses nouvelles ambitions géopolitiques.

Corentin Léotard (Lepetitjournal-Budapest) jeudi 5 avril 2007

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