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L'autre Europe

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16 juillet 2007

Hongrois et un peu plus que ça : voyage chez les Sicules

Les Sicules (Székelyek en hongrois), un groupe magyarophone de Roumanie qui compte plus d’un demi million d’individus concentrés en Transylvanie orientale, revendiquent leur appartenance à la nation hongroise en même temps qu’une identité originale.

transylvanieEntre Târgu Mureş et Sighişoara   (Photo : Dorottya Papp)

Passé Târgu Mureş (Marosvásárhely en hongrois), on entre dans une région de basses montagnes difficile d’accès, le pays des Sicules. Sur deux judets, Harghita et Covasna, les Sicules sont majoritaires à 80%. Hormis les plaques d’immatriculation et les drapeaux sur les bâtiments officiels, peu de signes indiquent que l’on est en Roumanie. Le tourisme thermal dont bénéficie la région cache mal un décor digne d’un film d’Emir Kusturica : Les Dacia sont polluantes, les chevaux tractent des charrettes transportant le produit de lopins de terre exploités à la faux, sur des chaussées au bitume défoncé qui traversent des hameaux semblant être restés hors du temps. Cette « authenticité » qui fait le bonheur des touristes a, pour les locaux, une signification beaucoup moins folklorique : la région est restée sous-développée, à l’écart du monde moderne.

Székelyföld, une terre disputée

Les Sicules sont connus pour leur caractère fier, leur philosophie et leur humour singuliers, qu’on imagine hérités de leur passé de paysans soldats, gardiens durant un millénaire des frontières du Royaume de Hongrie. Lajos, retraité d’une usine qui a depuis longtemps fermé, se sent hongrois et connaît la biographie de Clemenceau par cœur, l’homme qui, par le Traité de Trianon, a "rejeté les Sicules dans les Balkans". Dans le même temps, il n’hésite pas à dénoncer la légèreté des Hongrois de Hongrie, laissant une étrange impression à sa jeune interlocutrice de Budapest, Zsófi qui constate : "Les Sicules se sentent comme les vrais Hongrois".

Cette identité propre, étouffée par un Etat centralisateur, s’accompagne de revendications autonomistes. Au mois de février dernier, les Sicules se sont prononcés à 80% pour une autonomie territoriale lors d’un referendum organisé par le Conseil national des Sicules dans les deux départements où ils sont majoritaires, mais considéré anticonstitutionnel par l’Etat roumain. Ces initiatives récurrentes entraînent des réactions virulentes de l’Etat roumain et entretiennent la méfiance entre Roumains et Hongrois. "Des amis roumains ? Bien sur que non ! Avant je parlais bien le roumain mais j’oublie de plus en plus car je ne le pratique presque plus. Par exemple, je n’entre pas dans les magasins roumains à Marosvásárhely. A ma connaissance, c’est pareil pour tout le monde", commente Lehel, un Sicule de 29 ans. "Le clash est presque total entre les deux communautés", confirme Dorka, une étudiante de Budapest qui se rend fréquemment en Transylvanie. Les relations entre Hongrois et Roumains se sont gravement détériorées après le changement de régime, prenant une tournure dramatique en mars 1990 où  de violents affrontements à Târgu Mureş avaient entraîné la mort de cinq personnes. On comprend mieux, avec un tel voyage, le lyrisme qui accompagne chaque évocation de la Transylvanie par les Hongrois. Elle représente dans leur imaginaire ce que le Kosovo représente pour les Serbes : le berceau de leur culture et un paradis perdu.

Corentin LEOTARD (Lepetitjournal-Budapest) lundi 2 juillet 2007

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16 juillet 2007

TENNIS : Le Grand prix Gaz de France de Budapest a laissé la place aux outsiders

La douzième édition du tournoi WTA de Budapest, s'est achevé dimanche matin sur la victoire de l'argentine Gisela Dulko, non tête de série, alors qu'Emilie Loit, seule représentante française et tête de série n°4 a dû renoncer à sa confrontation en quarts avec la jeune hongroise Agnes Szavay

 


KirilenkoMaria Kirilenko, 38e au classement WTA, lors du 1er tour (Photo : LPJ C. LEOTARD)


35 compétitrices du monde entier se sont affrontées la semaine dernière sur la terre battue de la Romai Tenisz

Akadémia de Budapest, pour l'évènement tennistique féminin de l'année en Hongrie. Des images marquantes de la semaine, on retiendra en vrac, la puissance du service de Knapp (ITA), la précision du jeu de jambes de Kirilenko (RUS), la carrure de Daniilidou (GRE), mais aussi la performance d'une spectatrice passionnée et polyglotte qui a encouragé, tout au long de la semaine, chacune des joueuses dans sa langue respective - russe, allemand, espagnol,…- capable aussi de corriger l'arbitre en anglais comme de réprimander des spectateurs bruyants par un "Messieurs, s'il vous plait !". Dans des considérations plus nationales cette fois, on regrettera l'abandon d'Emilie Loit, qui a donné lieu à la demi-finale expéditive de la joueuse locale Agnes Szavay, battue 6/2 6/1 par la future lauréate de cette édition 2007.

Une finale marathon peu attendue

Chose étonnante pour un événement de cette taille, la finale se déroule le dimanche matin à 11h. Celle-ci était néanmoins diffusée le soir même en différé sur la première chaîne sportive hongroise. Gisela Dulko, 50e au classement WTA, était opposée à Sorana Cirstea (ROM), 325e, tombeuse surprise de Martina Muller, tête de série n° 2 du tournoi. La joueuse argentine s'est imposée sur le score de 6/7 6/2 6/2, au terme d'un match marathon de 2h30, beaucoup plus accroché que ne le laisse supposer le score des deux dernières manches. En grande spécialiste de la terre battue, Dulko a su faire preuve d'une grande constance et de sérénité dans les moments clés. Après deux finales perdues, elle remporte ainsi son premier tournoi WTA et empoche les 25 840 US$ de récompense. Son adversaire, la jeune roumaine, âgée de 17 ans seulement, éprouvée physiquement, a manqué d'expérience car elle jouait sa première finale. Mais avec le parcours réalisé au cours de la semaine, qui l'a conduit des qualifications jusqu'à la finale, Cirstea bondit au classement et s'installe parmi les 150 meilleures joueuses du monde. Ce 12e Open Gaz de France de Budapest laisse enfin entrevoir un certain progrès dans le tennis féminin. Comme chez les hommes, les phases finales ne sont plus désormais réservées qu'aux seules têtes de séries, et c'est tantmieux.

F. GAILLARD et C. LEOTARD (www.lepetitjournal - Budapest) jeudi 3 mai 2007

16 juillet 2007

Hurra, nyaralunk ! Hourra, c’est les vacances ! bientôt...

A Budapest comme dans tout le bassin des Carpates le mercure dépasse régulièrement les 30° depuis le début du mois de Mai et les météorologues annoncent un été 2007 caniculaire. Où les Hongrois vont-ils aller trouver de la fraîcheur cet été à l’étranger ?

 

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Hongroises au soleil (Photo: Corentin Léotard, LPJ)


En cette première quinzaine du mois de Juin, pour les Hongrois qui peuvent se permettre de partir en vacances à l’étranger, et de ne choisir leur destination que maintenant, la côte adriatique paraît  tentante. Un aller-retour Budapest-Split en avion par une compagnie à bas coût comme SkyEurope est accessible pour 25.000HUF (une centaine d’Euro) et pour descendre jusqu’à Dubrovnik, « la perle de l’Adriatique », il faut compter 37.000HUF. Beaucoup choisissent la voiture. Elle est d’autant plus pratique que la Hongrie et encore plus la Croatie ont massivement investi dans le développement de leur réseau autoroutier et qu’il est désormais possible de rallier la côte presque exclusivement par autoroute. Une demi-journée suffit pour avaler les 750km qui séparent Budapest de Split, par exemple. Pour peu que l’on habite dans le Sud-Ouest de la Hongrie , l’Istrie et Rijeka sont presque la porte à côté. Choisie en 2006 par 16% des touristes Hongrois, loin devant la Grèce (6%), l’Italie (5%) et l’Espagne (3%), c’est leur première destination internationale. Dans le seul mois de Juillet 2005, on en dénombrait 600.000 et il ne fait nul doute que, cette année encore, on parlera beaucoup hongrois de Rijeka à Dubrovnik. Selon l’Office hongrois de statistiques, 17 millions de Hongrois, 6,5% de moins que l’année précédente, se sont rendu à l’étranger en 2006, le plus souvent pour une durée comprise entre une et deux semaines. 70% d’entre eux pour des raisons touristiques. Ces 12 millions de touristes ont dépensé 400 milliards HUF (1,5 milliard d’Euro).

 

Retour en force de la  Bulgarie

 

Oubliée après avoir été longtemps une destination à la mode dans les années 80 pour les Hongrois aisés, la Bulgarie refait une apparition remarquée dans l’offre internationale. L’amélioration des infrastructures touristiques de la côte bulgare sur la mer Noire et le développement de compagnie aérienne à bas coût y sont certainement pour beaucoup. Le trajet est plus cher que la Croatie (aller-retour Budapest-Varna ou Burgas pour 60.000HUF soit environ 250Euro) mais les prix sur place sont si compétitifs que les Roumains eux-mêmes délaissent leur côte au profit de celle de la Bulgarie. Pour ceux que le millier de kilomètres pour atteindre la mer Noire, au choix à travers la Serbie ou la Roumanie , n’effraient pas, certains hôtels bulgares proposent à leurs clients un pack de navigation avec itinéraire à suivre, cartes routières et conseils en tout genre. Voila pour les plus chanceux, souhaitons-leur de bonnes vacances mais n’oublions pas que la moitié des Hongrois ne peut s’offrir ce luxe de partir et passe ses vacances à la maison.

 

Corentin LEOTARD (Lepetitjournal-Budapest) Mercredi 13 juin 2007

16 juillet 2007

Entretien-László Toroczkai, leader du HVIM

Fondé en 2001, le HVIM, (Hatvannégy Vármegye Ifjúsági Mozgalom ou Mouvement de Jeunesse des 64 Comtés) est un mouvement d'extrême-droite militant pour l'autonomie des minorités hongroises du bassin des Carpates. Il s'est rapidement imposé comme une figure politique en Hongrie, mais aussi dans les pays voisins où vivent des minorités hongroises. Lepetitjournal a rencontré son fondateur et leader charismatique, László Toroczkai

IMG_3692Laszlo Toroczkai (Photo Mikaël Couvret, LPJ)

Lepetitjournal : Considérez-vous que la manifestation d'aujourd'hui soit un succès ?
László Toroczkai : Il ne faut pas voir les choses de cette façon. Ces actions sont nécessaires car il est primordial de ne pas oublier Trianon, de faire vivre le souvenir des territoires perdus.

LPJ : Avez-vous déjà eu des réactions de la part de la diplomatie française, de l'ambassade de France ?
L.T. : Oui ils ont réagi, ils ont baissé les stores et fermé les volets ! Quand à Nicolas Sarkozy, j'ai conscience du fait que le nouveau Président français se moque de ses racines hongroises, mais mettre en avant ses origines est pour nous un bon point d'accroche, pour attirer l'attention.

LPJ : Le Fidesz a fait savoir aujourd'hui même qu'elle proposerait lundi au Parlement de créer une " journée des Hongrois d'outre-frontières "
L.T. : Je m'en réjouis. C'est une proposition déjà ancienne du Jobbik [parti d'extrême-droite] qu'ils viennent de s'approprier…

LPJ : Quel parti en Hongrie serait le plus à même de mener une politique en faveur des minorités hongroises ?
L.T. : Je ne veux pas parler de ce type de politique, le HVIM est indépendant.

LPJ : Quelle est votre position sur un éventuel référendum pour octroyer la citoyenneté hongroise aux Hongrois vivant dans les pays voisins ?
L.T. : Je ne pense pas qu'un referendum soit la solution la plus adaptée. Un vote au Parlement serait préférable. [Un tel referendum a eu lieu le 5 décembre 2005 mais a échoué faute de participation suffisante].

LPJ : Ne pensez-vous pas que l'adhésion à l'Union européenne des pays voisins de la Hongrie puisse apporter des solutions adaptées aux problèmes des minorités hongroises ?
L.T. : Je me moque que la Roumanie soit entrée dans l'Union européenne. Même si l'effacement des frontières est une bonne chose, l'Union européenne ne peut pas résoudre les problèmes auxquels sont confrontées les minorités hongroises.

LPJ : Selon vous, où les Hongrois rencontrent le plus de difficultés actuellement ? En Roumanie, en Serbie ou en Slovaquie ?
L.T. : "En Slovaquie, et éventuellement en Serbie. La meilleure situation pour les minorités hongroises est en Croatie".

LPJ : Quelle est votre influence en Hongrie, et surtout hors de la Hongrie ?
L.T. : C'est très difficile à quantifier. Je pense que nos idées sont partagées par une grande partie de la population. Peu de personnes se mobilisent pour les manifestations parce que les gens ont peur. C'est en Serbie et en Slovaquie que nous avons le plus de sympathisants mais les choses sont en train d'évoluer très rapidement en Roumanie où l'on gagne beaucoup de terrain.

LPJ : Quelles sont les prochaines actions du HVIM?
L.T. : L'été arrive, c'est une période creuse pour la politique. Le prochain rendez-vous pour le HVIM sera le Magyar Sziget [Festival de musique hongroise].

Propos recueillis par Corentin LEOTARD (www.lepetitjournal - Budapest) mardi 5 juin 2007

16 juillet 2007

SOCIETE : La réorientation prometteuse du marché du sexe à Budapest

Profitant du boom touristique et de la libéralisation du sexe en Hongrie, beaucoup de nouveaux établissements de type sex-shop et club de strip-tease ont vu le jour à Budapest ces dernières années. Loin des lieux traditionnels réservés à une clientèle masculine et quinquagénaire, ces lieux qui symbolisent l'ouverture des mœurs au marché de l'érotisme, parviennent à conquérir un public plus large.

Kivanok_20style1_1_Le Beate-Uhse, un des sex-shops raffinés de Budapest (photo Corentin Léotard, LPJ)

Avec plusieurs centaines de sex-shops, signalés par autant d'hommes-sandwiches et de panneaux indicateurs, Budapest donne une image de ville "chaude" dans le monde entier. Malgré tout, le Beate-Uhse, ouvert il y a un peu plus d'un an sur Erzsébet korut, symbolise à lui seul une nouvelle orientation du commerce du sexe à Budapest. L'idée  de banaliser l'érotisme sans tomber dans la grossièreté vient d'Allemagne, où cette chaîne de sex-shops s'est implantée dans un grand nombre de villes. Les deux tiers de la clientèle sont composés de jeunes femmes qui viennent faire leurs achats seules, en couple, ou entre copines. La curiosité pour ce type de magasins gagne même de plus en plus de mères de familles, qui commencent à fréquenter l'endroit. "Ici c'est propre et classe, on est ouvert sur le boulevard. Pas comme les sex-shops cachés dans des sous-sols glauques et malsains où les filles ont peur d'aller" se réjouit Balazs, son gérant. "La sexualité en Hongrie se libère et cet établissement représente un pas vers cette libéralisation". Ce commerce profite aussi de l'afflux croissant de touristes : "Les jeunes étrangers ont de Budapest l'image d'une ville " hot ", ça aide le commerce, même si Budapest, c'est aussi bien plus que ça", nous confie-t-il enfin. Faire de l'érotisme un secteur économique aussi large qu'un autre, ce pari est également celui de nouveaux clubs de strip-tease budapestois.

Des strip-tease clubs plus raffinés pour des touristes plus gentlemen…

C'est le cas du Babylon, qui, en aménageant un caveau de façon élégante, espère attirer une clientèle plus jeune et distinguée, pour qui le sexe facile peut aussi être quelque chose de courtois. Ici aussi, on est assez loin des traquenards habituels… pas d'embrouilles, vous entrez gratuitement, un verre de bienvenue vous est offert et les consommations restent à des prix très abordables pour ce type d'endroit (1.000HUF la bière). Cependant, le show commence tout en douceur… le strip-tease reste plus suggestif  qu'autre chose… Les entraîneuses vous approchent pour tenter de vous faire consommer, de la boisson au show privé, en passant par la fameuse "table dance"… ensuite, à vous de voir. Mais attention ! Ne vous méprenez pas, ces hôtesses sont, pour nombre d'entre elles, des étudiantes salariées. C'est justement là la grande originalité de ce nouveau type d'établissements. Avec la fraîcheur de ces strip-teaseuses "diplômées", nul doute que le Babylon concurrence déjà les lieux traditionnels, plus classiques et plus chers.

François GAILLARD, Corentin LEOTARD (Lepetitjournal- Budapest) lundi 11 mai 2007

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16 juillet 2007

ELECTIONS: Sarkozy Président, premières analyses hongroises

Réactions à chaud quelques minutes après la victoire officielle de Nicolas Sarkozy. Oszkár Füzes du quotidien de centre gauche Népszabadsag, et Levente Sitkei du Magyar Nemzet, quotitien proche de l'opposition de droite, ont répondu aux questions du Petit Journal de Budapest.

photo_20itw_20sarko_1_N. Sarkozy à la une des quotidiens hongrois (Photo : LPJ, Eugénie Baccot)


Dimanche 6 mai 2007, il est 20 h, Nicolas Sarkozy vient d'être élu président de la République française. Malgré des opinons politiques divergentes, Oszkár Füzes et Levente Sitkei, journalistes aux deux plus grands quotidiens nationaux hongrois, se rejoignent sur l'analyse de cette victoire. Pour eux l'issue de l'élection n'est pas une surprise, bien au contraire. Elle résulte même d'un choix rationnel de la part des Français. O. Füzes s'enthousiasme : " c'est une chance pour la France. N. Sarkozy a su incarner la volonté de changement et de modernisation du pays ". Selon L. Sitkei, " N. Sarkozy a conservé la même avance durant toute la campagne. D'ailleurs ce vote s'apparentait plus à un plébiscite  qu'à une élection classique ". Pour lui, les raisons de ce succès sont sans appel : " il a gagné grâce à sa personnalité. Il voulait être Président depuis ses débuts en politique et a marqué la campagne par son incessante confiance. Sa carrière est à elle seule une bonne raison. Il est de plus très bon communicant et est toujours apparu, au sein de l'ancien gouvernement, comme l'homme de toutes les situations". 

Une "fierté nationale" à l'influence politique limitée

Les deux journalistes sont lucides quant aux liens qui unissent le nouveau président français à la Hongrie. Pour O. Füzes, "N. Sarkozy n'est pas proche de la Hongrie; il ne parle même pas deux mots de magyar ". Les origines hongroises de N. Sarkozy n'ont d'ailleurs pas influencé, outre mesure, le traitement médiatique de la campagne. Comme le précise L. Sitkei, " nous n'en avons sûrement pas plus parlé que les Français ! N. Sarkozy est né en France, il est donc français avant tout". D'une manière générale, le point de vue des deux journalistes sur l'évolution des relations franco-hongroises fait donc fi des origines magyares du nouveau Président. Si répercussions il y a, elles se feront par le biais de l'Union européenne. O. Füzes espère qu'" en modernisant la France, N. Sarkozy modernisera l'Europe dont la Hongrie est membre". En solidifiant l'axe Brown-Merckel-Barroso, N. Sarkozy réorientera sans doute la France vers de nouveaux partenaires internationaux. Mais L. Sitkei d'ajouter : " je ne crois pas, cependant, que N. Sarkozy puisse avoir de bonnes relations avec notre gouvernement actuel…". Malgré tout, la victoire de N. Sarkozy suscite une certaine fierté nationale puisqu'elle symbolise la réussite de l'émigration hongroise. " Le succès de N. Sarkozy en France, c'est ce que nous n'avons pas en sport depuis longtemps ; un peu comme si la Hongrie gagnait la Coupe du Monde ! ", confie, amusé, L. Sitkei.

François GAILLARD, Corentin LEOTARD & Ludovic MIEGE (Lepetitjournal- Budapest) mercredi 9 mai 2007

16 juillet 2007

Le Drapeau d’ÁrpÁd : un symbole historique, un message politique, un sujet de polémique

« Quels sont ces drapeaux ? » s’interrogeaient des touristes français, au mois de mars dernier, surpris par la présence sur la place Kossuth de centaines de manifestants massés devant le Parlement qu’ils étaient venus admirer, brandissant le très controversé drapeau Árpád.

clip_image002Le 21 avril, lors d’une manifestation de l’extrême-droite sur la place des héros, Hösök Tere. (Photo : Corentin Léotard, LPJ)

A bandes rouges et blanches horizontales, ce drapeau, construit sur des symboles du Moyen-âge, est  un élément organique des émeutes de l’automne dernier et des manifestations anti-gouvernementales qui se succèdent depuis. Il constitue l’un des symboles de la dynastie des Árpád qui a régné sur les Magyars, du IXè au XIVè siècle. Sous cette dynastie, la Hongrie a connu une période de relative prospérité et dans l’imaginaire hongrois, Árpád, son fondateur, symbolise une Hongrie prospère, pure et conquérante, qui a su imposer sa place en Europe, sans s’asservir à l’Ouest.

Il n’y aurait pas lieu de polémiquer si ce drapeau n’était réapparu en 1944, comme symbole officiel du régime des Croix-fléchées de Ferenc Szálasi, ces pro-Nazis qui ont permis, par leur zèle, la déportation par les Allemands de quelques 400.000 « indésirables » : Juifs, Tsiganes et opposants politiques.

Un message politique dépourvu d’ambiguïté

L’utilisation de ce symbole historique marque un rejet de la politique du gouvernement socialiste-libéral, mais bien au-delà, un rejet du drapeau européen, comme de toute influence extérieure à la Hongrie. S’approprier le drapeau d’Árpád, son héritage, permet à ces manifestants de s’affirmer comme ses descendants légitimes, comme les seuls « vrais Hongrois ». C’est un moyen pour une minorité radicale de provoquer et de disqualifier la majorité : la gauche, les descendants des victimes de l’holocauste et, plus généralement, celles du régime des Croix-fléchées.

La loi hongroise interdit l’utilisation des « symboles du totalitarisme » mais les manifestants ne tombent pas sous le coup de la loi car leurs drapeaux ne sont pas frappés du signe des Croix-fléchées. Or l’ambiguïté réside dans le fait que les drapeaux utilisés par les croix fléchées ne l’étaient pas eux non plus systématiquement. Il existe des degrés dans l’utilisation de ce drapeau : certains se réclament d’Árpád tout en rejetant le régime des Croix-fléchées en découpant un rond au centre du drapeau, de la même manière que les insurgés hongrois de 56 avaient découpés les symboles communistes du drapeau national pour rejeter le régime communiste en place. D’autres drapeaux sont frappés du « Turul »,  sorte d’aigle géant de la mythologie hongroise et symbolisant aussi la dynastie des Árpád. Le drapeau national tricolore rouge-blanc-vert est, en revanche, consensuel et n’est apparu qu’au cours de la révolution manquée de 1848. Il est donc de moins d’intérêt pour les extrémistes, même lorsqu’il est orné du blason hongrois historique.

Corentin Léotard (Lepetitjournal-Budapest) mardi 8 mai 2007

16 juillet 2007

De Sárközy à Sarkozy

Souvent grotesques, parfois diffamatoires, rarement exactes, beaucoup de rumeurs circulent en France sur les origines hongroises de celui qui pourrait devenir, dimanche prochain, le nouveau président français, Nicolas Sarkozy.

Alattyán, d’où est originaire la famille du père de Nicolas Sarkozy, Nagybocsai Sárközy Pal, dit Pal Sarkozy, est une petite ville de 2000 habitants, située proche de Szolnok, à une centaine de Km à l’Est de Budapest. Ses routes, boueuses et trouées par des nids de poule, se révèlent êtres presque plus adaptées aux carrioles tirées par les chevaux qu’aux voitures. Autant dire que le candidat Sarkozy ne s’y est jamais risqué. Contrairement à plusieurs journalistes français, animés par l’espoir d’exhumer un scoop de son passé. Cette question intéresse plus la presse française que les journalistes hongrois, feignant peut-être de s’en désintéresser parce que déçus que Nicolas Sarkozy n’ait jamais exprimé de fierté pour ses racines hongroises, ni même ne les a revendiqué.

Une famille d’aristocrates embourbée ?

L’étymologie de son nom pourrait, il est vrai, paraître quelque peu embarrassante pour Nicolas Sarkozy, ou en tout cas pas à la hauteur de la fonction à laquelle il prétend. C’est un tord : le Y qui conclu son patronyme atteste d’une origine aristocratique. La famille tenait en effet une position relativement  élevée au sien de leur petite région, bien qu’elle appartint plus à la moyenne bourgeoisie qu’à la haute aristocratie. Cela distingue la famille SárközY des SárközI, beaucoup plus nombreux. Pour redresser les vérités simples de ses origines, Nicolas S. pourrait tout aussi bien se targuer d’avoir pour ascendant Mihaly Sárközy, un illustre héros militaire décoré en 1628 par Ferdinand II de Hongrie.

Malgré cela, des gens moqueurs ou malveillants en sont arrivés à la conclusion que Sárközy doit se traduire par « dans la merde » ou « dans la boue ». Cela interpelle nombre de Hongrois qui comprennent mal l’acharnement des français à vouloir donner un sens, si possible ridiculisant, à ce nom qui, prononcé à la hongroise, sonne pourtant avec classe et musicalité à leurs oreilles. Il n’est somme toute pas si rare et ne signifie rien, sinon que la famille doit être originaire de la région historique de Sárköz, située autour de Szekszárd dans le Sud du pays, à 140Km de la capitale. 

Cette étude sarcastique prend tout son sens lorsque les Hongrois le prononce à la française. Effectivement, prononcé de manière approximative, il y matière à la moquerie car on peut l’interpréter par « d’entre la merde ». De toute façon, bon nombre de Hongrois seraient mal avisés de tourner en dérision le peut-être prochain président français car nombre de leurs patronymes, si on leur prêtait le même examen, se révèleraient être tout aussi peu dignes de la présidence de la République française. Demandez à tous les Hugyecz, Pornoi, Bilik,  ….de Hongrie ! Ils renieraient de bon cœur le nom de leurs ancêtres pour celui de Sárközy.

Corentin Léotard (Lepetitjournal-Budapest) mercredi 2 mai 2007

16 juillet 2007

Rencontre: Thierry Klifa, un réalisateur mis en orbite

A l'occasion du Festival du film français et de la distribution hongroise de son deuxième long-métrage, Le héros de la famille, Thierry Klifa était présent deux jours à Budapest. Rencontre

clip_image001Thierry Klifa à l'hôtel Le Meridien (Photo Corentin Léotard, LPJ) 

Après Une vie à t'attendre, son premier film très remarqué, Le héros de la famille a été salué par la critique. De Catherine Deneuve à Emmanuel Béart, en passant par Gérard Lanvin, Thierry Klifa a réuni un casting époustouflant dans un huis clos familial. Les membres d'une famille éclatée se retrouvent malgré eux au moment de l'héritage d'un cabaret niçois. L'univers d'apparences mis en scène par Klifa a ainsi permis à certaines des plus grandes stars françaises de goûter, pour la première fois, au plaisir de jouer ensemble.

De plus en plus de stars sont à l'affiche de vos films, et votre succès au box-office va croissant. Après seulement deux longs métrages, comment l'expliquez-vous ?
C'est drôle, je note un vrai décalage entre les journalistes français et les journalistes étrangers ! Les premiers me parlent beaucoup de mon casting, quand les seconds s'intéressent plus au film en lui-même, Catherine Deneuve mise à part, car elle fait toujours sensation à l'étranger. Pour vous répondre, j'aime beaucoup mélanger des acteurs appartenant a priori à des familles différentes. Les connus avaient simplement apprécié mon premier film, et ont aimé leurs rôles. Les moins connus, comme Géraldine Pailhas, je les ai déjà dirigé dans Une vie à t'attendre. En fait, c'est surtout le plaisir de travailler tous ensemble qui les a poussé à me suivre. Miou-Miou et Catherine Deneuve par exemple, ont adoré cette expérience. Finalement, il y a eu une grande cohésion entre tous les acteurs, comme une grande famille en somme ! Pour moi, c'était un rêve d'enfant de travailler avec eux.

Comment avez-vous été accueilli ici, à Budapest ?
Je suis très honoré d'être ici pour présenter mon film, mais j'espère que j'aurai un peu de temps pour visiter Budapest ! Comme ce film est distribué dans plus de trente pays, je voyage beaucoup… C'est plus intéressant de ne pas toucher seulement un public franco-français. En plus, le cinéma français a souvent besoin de trouver ses financements ailleurs.

Quelles sont vos références cinématographiques et que connaissez-vous du cinéma hongrois ?
Les grand maîtres du cinéma français,Truffaut, Piala, Sautet aussi bien sûr.
Mais en cinéma hongrois… Je pense que je n'en connais pas plus que vous, qui habitez ici. J'ai vu quelques films d'Istvan Szabo, mais à part ça… (silence)

Avez-vous des préférences parmi les films présentés par les distributeurs au cours du festival ?
Je ne les ai pas tous vu, mais j'adore La science des rêves de Michel Gondry, en plus il y a Miou-Miou dans le film ! J'avais beaucoup aimé Eternal Sunshine auparavant. C'est un réalisateur que je trouve très poétique. Je n'ai pas vu Transylvania, mais j'apprécie beaucoup Tony Gatlif.

Propos recueillis par François GAILLARD et Corentin LÉOTARD (Lepetitjournal- Budapest) vendredi 27 avril 2007

16 juillet 2007

EURO 2012- Cruelle désillusion pour la Hongrie

Réunie à Cardiff mercredi 18 avril, l’union des associations européennes de football (UEFA) a confié l’organisation du championnat d’Europe de football 2012 au duo Pologne-Ukraine aux dépens de l’Italie et de la candidature Hungaro-croate pour qui le succès semblait pourtant à portée de main.

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Des déçus du Rocky bar (Photo: Corentin Léotard, LPJ)

La Hongrie

retenait son souffle. Une finale européenne à Budapest dans un stadium Ferenc Puskás rénové, la possibilité d’assister à des matchs de très haut niveau, des millions d’Euros d’investissement pour le développement d’infrastructures sportives et touristiques, l’occasion de présenter à toute l’Europe une bonne image du pays, voila ce à quoi

la Hongrie

pouvait prétendre jusqu’à ce que l’UEFA et son président Michel Platini ne brise son rêve.

Cette perspective de 2012 avait beau sembler éloignée, cela ne réconforte pas les supporters orphelins du « Major galopant » Puskás Öcsi disparu cinq mois plus tôt, conscients d’avoir raté l’  occasion de redresser un football hongrois moribond. L’évènement est perçu, à juste titre, comme un échec cuisant pour

la Hongrie

et une nouvelle défaite pour son football. Au Rocky Bar de Budapest, où se retrouvent les supporters les soirs de match, la nouvelle a fait l’effet d’une douche froide. Quelques heures après la décision, l’ambiance est morose. "On s’est encore fait avoir" lâche Milán, entre deux tirades de jurons. "C’est à cause de notre football qui est mauvais. On nous a fait croire que le projet hongrois était le meilleur. Notre gouvernement nous fait toujours espérer des choses mirobolantes. Après les promesses, il ne reste rien. De toutes façon ce n’est pas priorité, on n’a pas encore l’argent pour ça", explique-t-il.

Difficile de retrouver la gloire passée

La déception est d’autant plus grande que personne n’imaginait que l’UEFA accorde sa confiance à la candidature polono-ukrainienne alors que le football polonais a été récemment éclaboussé par un scandale de corruption et qu’une crise politique fait dangereusement vaciller l’Ukraine. Les fédérations hongroises et croates de football ont donc exigé des explications de la part de l'UEFA.

"On a pas gagné un match depuis les années 60 de toute façon", soupire Péter, un autre habitué du Rocky Bar. Il exagère à peine. Depuis les années 50-60 où, quasiment invincible, le « onze d’or » avait été finaliste de la coupe du monde, en 1954, et remporté trois médailles d’or olympiques, l’équipe nationale ne cesse de sombrer. Sa dernière participation à une phase finale de coupe du monde remonte à 1986 et celle à une phase finale de championnat d’Europe à 1972. "Il n’y a pas de battus, juste des candidatures qui, cette fois, n’ont pas gagné" a déclaré Platini à l’issue du vote. Pas sûr que ces paroles ne consolent les Hongrois pour qui c’était la troisième tentative d’obtenir l’organisation de cette compétition alors que

la Pologne

était candidate pour la première fois.

Corentin Léotard (Lepetitjournal-Budapest) jeudi 26 avril

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